Les policiers... Des hommes à tout faire
rideau
policier en 1900

140 francs par mois et en plus des insultes...
Vers 1885, pour des raisons sans doute précises (maladresse des préfets, existence d'une police politique impopulaire...), la police perd tout prestige, les agents se faisant parfois insulter dans la rue. Un journaliste entreprend de réhabiliter les agents.

agents en uniforme en 1900

Le premier acte du nouveau préfet M. Graon fut de supprimer la police politique et de relever le prestige de ses employés et de ses agents aux yeux du public. Il s'efforça surtout de détruire cet absurde préjugé qui veut que tous ceux qui appartiennent à la préfecture de police, employés, inspecteurs, sergents de ville, soient considérés comme des « mouchards » et forcément des êtres misérables, tarés, sur lesquels il faut courir comme sur des bêtes fauves.
Depuis que certains journaux ont publié de prétendues révélations sur la préfecture de police, la haine contre tout ce qui touche à cette administration de près ou de loin a atteint des sommets. Si un journaliste, indigné des attaques injustes dirigées contre la préfecture, rétablit la vérité, c'est un « mouchard ». Cette haine est si ancrée que la foule, qui a pourtant recours à tout propos et hors de propos à la police, insulte les agents en uniforme.
On rencontre les sergents de ville, les premiers au feu, rivalisant avec les pompiers. Tous les jours les journaux enregistrent des actes de sauvetage accomplis par eux : chevaux emportés, maîtrisés, chiens enragés tués, poursuites périlleuses sur les toits, plongeons dans la Seine pour repêcher des suicidés. Le public est tellement habitué à lire le récit de ces actes de dévouement, qu'il n'y fait plus attention.

sergents de ville
Parfois, quand le temps est trop mauvais, l'agent s'embusque sous une porte. De sa place, il voit les fenêtres de la maison d'en face éclairées, éblouissantes de lumière. L'écho lui apporte les sons de la musique et l'air, les effluves du souper. Il ne se plaint pas de cette inégalité du sort, qui fait que celui qui veille à la sécurité des autres grelotte de froid, quand ceux sur lesquels il veille s'amusent, boivent, chantent et dansent. Tout à coup un cri retentit, troublant le silence de la nuit : A l'assassin! Au secours! L'agent s'élance, il est entouré, assailli, il va succomber. Les fenêtres s'ouvrent : quel est donc ce tapage, qui ose ainsi troubler le sommeil ou les plaisirs bourgeois?
— Ce n'est rien, dit quelqu'un, c'est un policier qui veut arrêter des malfaiteurs!
Le bourgeois fait refermer sa fenêtre, sans songer à aller à son aide, et, le lendemain, cet égoïste est le premier à réclamer le secours du « policier » qu'il laissait tranquillement assassiner la veille.
Au café, il raconte bien haut que la police est mal faite, que la veille, on a attaqué quelqu'un en face de chez lui!
Etre sergent de ville, disent ceux qui n'osent pas les appeler canailles, c'est un métier de fainéant !
Ah! Il est joli le métier!

Les agents de quartier font un service de onze heures et demie en moyenne, sans compter les services supplémentaires : incendies, revues, réquisitions, anniversaires, meetings, etc. Onze heures et demie sur vingt-quatre!
Combien d'ouvriers en font autant?
L'appât d'appointements élevés est-il le mobile qui inspire et stimule le dévouement des agents?
Ils sont divisés en trois classes. La moyenne des appointements s'élève à la somme de cent quarante francs par mois, tout compris, pas tout à fait quatre francs soixante-dix centimes par jour!
On voit que c'est peu, et que le moindre des ouvriers est plus favorisé que ceux qui sont chargés de veiller à notre sécurité. Quant aux dangers, ils ne sont pas tarifés.
Les agents accomplissent en moyenne, par année, cinq cents actes de dévouement. En 1884, il y eut un officier de paix de tué et cent soixante agents blessés en se portant au secours des citoyens.
Ce chiffre est éloquent.

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