A nouveau dans le cycle infernal
rideau
Affaire de la Goutte d'or

Le 30 janvier 1907, à 11 heures du soir, Jeanne Weber a une manière bien à elle de fêter le premier anniversaire de son acquittement : elle tente de se suicider en se jetant dans la Seine du haut du pont d'Austerlitz.
Il faut dire que depuis un an « son existence n'a pas été une vie ». Son mari, qui l'a très vite abandonnée, lui a volé ses meubles. La rumeur publique malgré son acquittement continue de l'accuser et de la persécuter. Ni le vin rouge, ni les liaisons de passage ne l'ont consolée de toutes ses misères... On peut se demander si le destin a été bienveillant à l'égard de Jeanne Weber en faisant qu'on l'ait repêchée à temps.
Quand elle reprend ses esprits à l'hôpital Saint-Antoine, un abondant courrier l'attend. La presse a alerté l'opinion publique de la détresse dans laquelle se trouve Jeanne Weber. Des gens qu'elle ne connaît pas lui ont écrit pour lui dire leur sympathie. L'un d'eux se nomme Sylvain Bavouzet. Veuf, il lui propose de s'occuper de ses trois enfants et de tenir sa maison.
Plus rien n'attache Jeanne à Paris. Elle écrit à ce Sylvain Bavouzet, fermier de son état, qu'elle accepte sa proposition et prend le train pour Châteauroux.
Accueillie à la gare par le veuf et sa fille aînée, Jeanne Weber couche le soir même à la ferme.
Pour éviter les bavardages, il est convenu qu'elle sera présentée à tout le monde comme Jeanne Moulinet, une cousine de la défunte Mme Bavouzet.
Si très vite Jeanne sait se faire apprécier du maître de maison et aimer des deux
enfants les plus jeunes, Auguste et Louise, qui ont neuf et onze ans, il n'en va pas de même avec Germaine, l'aînée. Celle-ci, qui a seize ans, supporte mal sa présence...
Peu de temps après l'arrivée de Jeanne, le 17 avril 1907, le jeune Auguste Bavouzet rentre
de l'école, la tête lourde. Il a de la fièvre. En
l'absence du père de l'enfant, Jeanne Weber envoie Germaine chercher le médecin au village
voisin. Le docteur se contente d'indiquer un médicament que Germaine achète avant de rentrer à la ferme.
Jeanne Weber passe la nuit auprès d'Auguste qui délire. Au petit matin, un mieux se produit.
L'enfant reconnaît son père mais très vite retombe dans l'inconscience. Deux voisines alertées viennent tenir compagnie à Jeanne pendant que Sylvain Bavouzet, le grand jour enfin venu, va chercher le médecin. Mais alors que Jeanne Weber se trouve seule un moment avec Augute, celui-ci meurt, sans avoir repris connaissance.

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Le docteur Papadozolou constate le décès sans faire aucun commentaire. Cependant, il alerte discrètement l'adjoint au maire du village qui, le lendemain du décès d'Auguste, déclare au procureur de la République de Châteauroux :
— Le docteur Papadozolou a constaté que la mort est suspecte, que le corps de l'enfant présente en différents points des taches noirâtres et au cou une marque prononcée de strangulation. Le docteur craint un empoisonnement. Je In'ai pas cru devoir délivrer le permis d'inhumer. Comment peut-on conclure à un empoisonnement à partir de traces de strangulation ? Le rapport de cause à effet peut paraître bizarre, autant que la mort du jeune Bavouzet.
Pourtant, le docteur Audiat, commis pour enquêter sur la mort du jeune garçon, conclut « à un accident méningé compliqué de convulsions ayant entraîné la mort » et délivre le permis d'inhumer.
Malgré cela, quelques jours après les obsèques d'Auguste, Germaine Bavouzet dépose plainte contre Jeanne, révélant aux gendarmes la véritable identité de cette dernière.
La nouvelle se répand comme une traînée de poudre dans le pays. Chaque nuit la ferme de Sylvain Bavouzet est cernée de gens qui crient :
— A mort l'Ogresse I

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