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La perte de Plancenoit

Bataille de Waterloo
18 juin 1815

Trois bataillons de la Garde, sauvant l'honneur, font face aux assauts anglais. Encerclés, ils sont invités à se rendre. Cambronne, l'un des généraux, aurait répondu héroïquement: «La Garde meurt et ne se rend pas!», ou plus prosaïquement: «Merde!»

Les deux machoires de l'étau se referment

Waterloo et les derniers carrés de la garde impériale
Dans Plancenoit même, la jeune garde et les deux bataillons de vieille garde restèrent inexpugnables. Mais sur le prolongement de ce village, l'infanterie de Lobau et la cavalerie plièrent devant les 15 000 prussiens; elles furent culbutées quand la division Steinmetz et la cavalerie de Rôderles abordèrent sur leur flanc. Les masses françaises, espacées, un quart d'heure auparavant, refluèrent en même temps sur le plateau autour de la Belle-Alliance. A leur suite, sabrant, fusillant, poussant des hurrahs  accouraient d'un côté les Anglais, de l'autre les Prussiens. Les deux mâchoires de l'étau se refermaient sur la foule éperdue et sans défense qui avait été l'armée impériale.
Dans cette effroyable cohue, chacun pousse et bouscule pour fuir plus vite. Des cuirassiers démontés jettent leurs cuirasses, des conducteurs coupent les traits des attelages, des hommes sont piétinés. On trébuche parmi les chevaux morts, les caissons renversés, les canons abandonnés. Les ombres de la nuit qui commencent à s'épaissir ajoutent à l'épouvante et accroissent la confusion.
Les quatre bataillons de la garde, qui viennent de regagner le plateau, sont les seules troupes d'infanterie encore en ordre. Anglais et Prussiens enserrent chacun de ces carrés dans un cercle de mitraille, de sabres et de baïonnettes. Chargés simultanément par la cavalerie et par l'infanterie, ils sont rompus, démolis, écrasés. Leurs débris roulent dans la débâcle.
A cinq cents mètres en arrière attendent formés en carrés, à la gauche et à la droite de la route, les deux bataillons commandés par le général Petit. Ces hommes sont l'élite de l'élite. Presque tous portent au moins deux chevrons, quatre sur dix sont légionnaires. L'empereur est à cheval dans le carré du 1er bataillon. Avec ces redoutes vivantes, il espère encore couvrir la retraite. Il ordonne d'établir, sur le prolongement des carrés, la batterie de 12 qui a longtemps canonné les Prussiens par-dessus Plancenoit, et il fait battre la grenadière pour rallier tous les détachements de la garde.
Une foule de fuyards s'écoulent sur la route, des deux côtés des carrés, suivis de tout près par l'ennemi. La batterie de la garde n'a plus qu'un coup par pièce. Sa dernière décharge, à quart de portée, foudroie une colonne de cavalerie. Les artilleurs, désormais sans munitions, restent stoïquement à leurs pièces pour imposer encore aux assaillants. Les hussards anglais fondent sur la batterie et sabrent les canonniers désarmés. Mais sur les carrés mêmes, ces charges incessantes se brisent et s'éparpillent comme sur des blocs de granit les tourbillons de sable. Devant chaque bataillon de grenadiers, s'élève un sanglant remblai de cadavres et de chevaux abattus.

La tuerie de Plancenoit

Dans Plancenoit où les batteries prussiennes ont allumé l'incendie, on combat à la lueur des flammes. La jeune garde, recrutée presque entièrement parmi les engagés volontaires de Paris et de Lyon, et les bataillons du 2e chasseurs et du 2e grenadiers, luttent à un contre cinq. On se fusille à bout portant, on s'étreint corps à corps, on se tue à coups de baïonnette, à coups de crosse.
Le tambour-major Stubert, du 2e grenadiers, un géant, assomme les Prussiens avec la pomme de sa canne. Un bataillon de jeune garde se fait exterminer dans le cimetière qui sert de réduit. Les Prussiens enlèvent les maisons une a une. On s'égorge dans les chambres, dans les greniers ; et pendant ces luttes sans merci, les toits de chaume que le feu a gagnés s'écroulent sur les combattants.
A la sortie du village, les débris, de ces héroïques bataillons sont chargés et menés tambour battant jusqu'au plateau. Là, c'est la cavalerie anglaise qui les achève.

Les derniers carrés de la Garde

la retraite de la garde à Waterloo
De Plancenoit, Français et Prussiens débouchent pêle-mêle sur la route de Bruxelles, près des carrés du 1er grenadiers. Les fuyards se pressent autour pour y trouver un refuge, mais ils sont impitoyablement repoussés par le fer et par le feu. La sûreté des carrés l'exige. Le général Boguet manque d'être tué à bout portant par un grenadier. Les carrés sont débordés par la droite et par la gauche ; les masses anglaises et prussiennes deviennent de plus en plus nombreuses, de plus en plus compactes. Les grenadiers repoussent toutes les charges. Deux bataillons contre deux armées !

Enfin l'empereur ordonna de quitter la position. Les grenadiers se mirent lentement en retraite, le 1er bataillon à gauche de la route, le 2e bataillon sur la route même. A chaque instant, on faisait halte pour rectifier l'alignement des faces des carrés et pour ralentir la poursuite de l'ennemi par des feux de file toujours nourris.
bas
Comment Napoléon réagit-il à la défaite ?

Après avoir cherché la mort sur le champ de bataille, Napoléon fut entraîné par ses officiers loin des combats. Il parvint à échapper à la capture et, après un voyage épuisant, arriva le 21 juin, vers 9 heures du matin, au palais de l'Elysée. Il
croyait encore possible de renverser la situation.

Une fois rentré dans sa capitale, disait-il, il appellerait de nouvelles troupes, barrerait la route aux envahisseurs après avoir, au besoin, imposé le silence aux Chambres en proclamant la «dictature ».
Il lui fallut peu de temps pour s'apercevoir que sa cause était
perdue.

Une fois le désastre de Waterloo connu, rien ne put enrayer la fronde parlementaire. La catastrophe
plaçait l'Empereur en position de faiblesse, presque d'accusé.
Un peu plus de douze heures après son retour à Paris, il était
acculé.
En fin de matinéedu 22 juin,
Napoléon renonça au pouvoir, à condition que son fils soit proclamé empereur. Il se retira trois jours plus tard au château de Malmaison, première étape sur la route de Sainte-Hélène.

Napoléon II ne régna pas. Il fut escamoté quelques heures
après avoir été placé sur le trône par son père. Une commis
sion de gouvernement, dirigée par Fouché, prit les affaires en
main. Elle allait bientôt avaliser le retour de Louis XVIII.