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L'ambulance
de l'île Lobau

Le service de santé
de la Grande Armée

Napoléon s'empara de Vienne, le 13 mai 1809, puis, de l'île Lobau, située au sud de la capitale, au milieu du Danube. Le bras principal du fleuve longe la rive droite et a une largeur de 700 mètres. Sur ce bras, les pontonniers français établirent deux ponts de bateaux, ce qui permit à une partie des troupes de gagner l'île Lobau. C'est ainsi que la sanglante bataille d'Essling débuta.Cet article raconte ce que fut l'horrible charnier de l'île Lobau.

Le théâtre de scènes atroces

service santé sous l'Empire
Dans l'île Lobau, Larrey fit installer une ambulance, dans une vieille bâtisse lézardée, aux vitres pour la plupart brisées. Elle devait être le théâtre de scènes atroces.
En vue de la bataille qui allait s'engager, Larrey avait tout tenté pour que le plus grand nombre possible de blessés pût être soigné. Il avait prévu un approvisionnement en pansements, en médicaments et s'était entouré de majors, aides-majors et infirmiers. Mais, malgré l'activité qu'il avait déployée, il était pour ainsi dire démuni de la plupart de moyens qui lui étaient nécessaires.
Nombre de ses aides étaient en effet, d'une incroyable ignorance en médecine. Percy, chirurgien-chef, a exposé la cause de cet état de fait assez lamentable : « La plupart des chirurgiens envoyés de Paris étaient des jeunes gens de dix-neuf ans qui n'avaient d'autre vocation que de se dérober à la conscription. »
Napoléon avait donné peu de moyens d'agir à Larrey et n'avait nullement tenté d'organiser le Service de Santé. Le résultat ? Après chaque combat de quelque importance, nombre de blessés étaient laissés sans soins. Ce fut le cas à la bataille d'Essling...

Pansez-nous, disaient-ils, ou achevez-nous...

Dès les premières heures, il y eut une telle affluence de blessés que le service fut débordé : majors et infirmiers ne suffisaient plus à la tâche. Les ravitaillements étaient arrêtés. Plus de lits. Pas même de paille ; pas de nourriture. Et cependant, il fallait abriter alimenter, soulager tous ces malheureux. Dans ce désarroi, tout le monde criait. Les blessés invectivaient les médecins :
Pansez-nous, disaient-ils, ou achevez-nous...
Les aides-majors et les infirmiers criaient contre l'Empereur.
«A qui imputer cette responsabilité, écrit le sous-aide major Sylvestre Eynard, si ce n'est à Napoléon, qui, puisqu'il voulait faire des guerres aussi gigantesques, aurait du avoir un bon corps d'officiers de santé, bien approvisionner les ambulances, au lieu de se contenter de lever son chapeau, par un respect simulé, lorsqu'il rencontrait un convoi de malheureux blessés.

Une sanglante besogne

Les blessés sur l'île Lobau
Les jeunes aides-majors n'étaient autorisés qu'à couper des doigts ou des orteils. Il fallait avoir plusieurs galons pour faire tomber un bras ou une jambe, a dit le docteur Raoul Baudet. Il fallait être Larrey pour amputer un membre tout entier, désarticuler une hanche ou une épaule. Ces redoutables opérations, qu'on n'osait plus tenter, il les avait réinventées.
Vers le soir, l'un des deux ponts de bateaux établis sur le grand bras du Danube, rompu sous la poussée d'une crue aussi subite que violente, put être rétabli. Des renforts arrivèrent. Sans prendre un instant de repos, Larrey, secondé par ses aides, commença aussitôt à venir en aide aux blessés qui, isolés, sans le moindre secours, avaient tant attendu que le contact fut rétabli. Tard dans la nuit, il poursuivit sa sanglante et humaine besogne, tandis que sur la rive gauche du Danube, tonnaient encore quelques canons, bruits sourds d'une bataille qui s'achevait.
Le combat qui venait de se dérouler avait été sans résultats. Sans doute, vingt mille Français avaient-ils accompli cet exploit homérique de tenir tête pendant tout un après-midi à cent mille Autrichiens. Seulement, rien de pratique ne découlait de cette lutte pour ainsi dire au corps à corps : l'armée ennemie avait été repoussée, mais non vaincue. Il fallait donc recommencer à se battre.
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