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La mort et les morts

Joies, peines, misères du soldat de Napoléon

Pour le soldat, l'habitude du danger fait regarder la mort comme une des circonstances les plus ordinaires de la vie : à force d'y être confronté, il s'endurcit..
On plaint un camarade blessé, mais dès qu'il a cessé de vivre, on ne manifeste plus qu'un regret passager et une indifférence froide.

Les morts fouillés et dépouillés

mort d'un soldat de Napoleon 1er
Lorsque la bataille est terminée, les morts sont fouillés et parfois dépouillés du meilleur de leurs effets : pénurie fait loi.. Cette coutume est rapportée par deux fois dans les mémoires de Chevalet. Voici ce qu'il vécut après le combat de Pordenone ( Italie ), en 1809 : - Nous arrivâmes bientôt tous les six sur notre petit champ de bataille, où nous trouvâmes tous nos hussards morts : nous en comptâmes au premier abord 47 étalés sur l'espace de terrain que nous avions occupé ; là, après avoir tout bien observé, nous mîmes pied à terre et examinâmes ces infortunés hongrois. Dans le nombre, j'aperçus un officier frappé d'une balle au dessous de l'oeil : je trouvai sous son casaquin (manteau porté sur l'uniforme) une montre en or, une petite ceinture de cuir garnie d'argent, une belle bague et une bonne paire de bottes qui faisait mon affaire : je lui pris tout, ainsi qu'un bon gilet de drap vert et sa ceinture à la hussarde en tresses vertes, noeuds jaunes en poils de chèvre.
Le second fait rapporté par Cbevillet se déroule sur le champ de bataille de Raab, en 1809 : -Je trouvai un officier italien... un chef de bataillon... je lui ôtai ses epaulettes tissées d'argent fin, dont une à gros grains, son beau sabre dont lapoignée était en ébène et la monture en argent massif le fourreau et le ceinturon aussi garnis d'argent ; je trouvai sur lui une belle montre en or. je trouvai aussi sa croix de mérite de l'ordre de la Couronne de Fer -.

Les morts inhumés pêle-mêle

morts de grognards de Napoleon
Les morts du champ de bataille sont inhumés pêlemêle dans des fosses communes creusées par des soldats de corvée ou par des paysans. A la veille d'une grande bataille, on prépare d'avance des fosses pouvant contenir de soixante à mille cinq cents cadavres... Les corps sont ramassés et chargés sur de grandes charrettes ; ils sont encordés, pour ne pas tomber en cours de route. Ils sont ensuite jetés dans les fosses où les hommes de corvée s'amusent à les faire cabrioler : la mort n'a plus d'effet sur ces soldats qui la côtoient tous les jours... Parfois, pour se préserver de la peste, on brûle les cadavres et l'on jette ensuite un peu de terre dessus.
Français et ennemis sont enterrés ensemble la mort les unit ! En Russie, après la grande bataille de la Moskowa, on enterre rapidement les soldats français, mais pas les russes, ceci pour ne pas choquer et effrayer les recrues : il faut penser au moral de la troupe... Tous les morts ne sont d'ailleurs pas ensevelis immédiatement : au début de la retraite de Russie, la Grande Armée repasse par la Moskowa où le champ de bataille est encore couvert de cadavres dépecés par les corbeaux !
En règle générale, les morts sont enterrés nus, mais une fosse commune, découverte à Aspern en 1980, prouve que certains soldats furent inhumés avec leur uniforme : on y retrouva, en effet, de nombreux fragments d'étoffe et des boutons (français), pauvres et émouvantes reliques d'une armée qui fit trembler l'Europe pendant quinze ans.
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