Si vous aimez ce site ne bloquez pas l'affichage des publicités... Merci !

La traversée
de la Bérézina

La retraite de Russie en 1812

En dépit de sa tragique renommée, le passage de la Berezina constitue une opération réussie, alors qu'un moment elle fut inespérée, car elle réunissait aux débris de l'armée de Moscou les unités encore solides de Victor et d'Oudinot, qui allaient pouvoir reprendre la route de Vilna après avoir échappé à la « tenaille» russe prête à se refermer sur elles.

Le désespoir s'empare des coeurs

Ney pendant la retraite de russie
Les soldats cessent d'obéir, l'armée éclate en petits groupes. Au moment d'arriver à Smolensk, la température atteint -27°, et la neige est de plus en plus épaisse. Dans la ville, les survivants ne découvrent que des magasins vides ! Il leur faut reprendre la route, la faim au ventre.
Dès lors le désespoir s'empara des coeurs et chacun, ne songeant qu'à sa propre existence, oublia l'honneur et le devoir, écrit Labaume.
Le maréchal Koutouzov juge le moment propice pour intervenir. L'ordre de marche donné par Napoléon fractionnait l'armée des survivants en quatre échelons se suivant à une journée d'intervalle. Les 16 et 18 novembre, Koutouzov tente de couper la retraite des Français à Krasnoïe. Mais il a sous-estimé l'énergie du désespoir : il est battu pour la seconde fois. L'arrière-garde, commandée par le maréchal Ney, est cependant coupée du reste de l'armée ; elle parviendra, réduite à 1 200 hommes épuisés, à rejoindre le gros des troupes à Orcha, le 20 novembre. La Garde, quant à elle, ne compte plus que 7 000 soldats et le maréchal Davout n'en a plus que 8 000. Au total, Napoléon ne dispose plus que de 35 000 hommes.

Il faut gagner la Bérézina

Napoleon pendant la retraite de Russie
fi faut gagner au plus vite la Bérézina, avant que les forces russes n'aient réussi à y opérer leur jonction et à en interdire le passage. Napoléon apprend que l'amiral Tchitchagov a déjà atteint le fleuve avec 34 000 soldats. Et Wittgenstein, qui avait été jusque là chargé de la protection de Saint-Pétersbourg, est en marche avec 30 000 hommes depuis le Nord-Est. Enfin, Koutouzov reste menaçant à l'Est avec 80 000 hommes. Il faut éviter à tout prix l'encerclement. Le 23 novembre, à Bobr, Napoléon décide de regrouper les officiers de cavalerie, privés de troupes mais disposant encore d'un cheval dans une garde d'honneur qui reçoit le nom d'escadron sacré. Sa mission officielle est de protéger tous les mouvements de l'Empereur. Il doit en fait braver le désespoir, et redonner courage et fierté aux soldats français : il offre le spectacle d'une troupe bien organisée de 300 hommes sous le commandement de Murat. Si l'on en croit les témoins, l'effet fut atteint. Mais l'escadron sacré commença à se désunir dès le passage de la Bérézina..

La traversée de la Bérézina

traversee de la berezina par les soldats de Napoleon
Un nouveau coup du sort attendait les Français. La Bérézina, habituellement gelée en novembre, aurait dû être aisément franchissable. Or un dégel inopiné l'avait transformé en un torrent furieux et glacé. Et Napoléon avait ordonné, après avoir traversé le Dniepr à Orcha, de brûler tout le matériel nécessaire pour la construction des ponts. Par miracle, le général Éblé avait préservé des forges de campagne et quelques fourgons contenant le matériel adéquat. Par chance, le général Corbineau découvrit un gué non indiqué sur les cartes. Il restait à en éloigner l'armée de Tchitchagov par une manoeuvre de diversion; et à mettre aussitôt les pontonniers d'Eblé au travail.
Travaillant dans l'eau glacée, ses hommes réussirent à construire deux ponts qui furent achevés dans l'après-midi du 26 novembre. Le 2e corps d'armée du maréchal Oudinot y passa le premier, suivi par de l'artillerie. Le 27 novembre, Tchitchagov découvrit qu'il avait été joué et rebroussa chemin, alors que Wittgenstein surgissait de son côté. La Garde et l'Empereur avaient à peine eu le temps de traverser que déjà le plus important des deux ponts cédait. La panique s'empara des soldats, mais Éblé parvint à le reconstruire.
De nouvelles unités purent alors franchir la Bérézina, tandis que la menace russe se précisait : A la vue de l'ennemi, raconte Labaume, ceux qui n'avaient pas encore passé se précipitèrent vers le pont : l'artillerie, les bagages, les cavaliers, les fantassins, chacun voulait traverser le premier. Le plus fort jetait dans l'eau le plus faible qui l'empêchait d'avancer, ou foulait aux pieds le malade qui se trouvait sur son passage. Plusieurs centaines d'hommes restèrent écrasés sous les roues des canons, d'autres, espérant se sauver à la nage, se gelèrent au milieu de la rivière, ou périrent en se plaçant sur des pièces de glace qui coulèrent à fondu.
Quand, le 29 novembre à 9 heures du matin, la division commandée par Girard eut traversé le fleuve, le général Éblé, pressé par l'arrivée des cosaques, fit mettre le feu aux deux ouvrages. Tous ceux qui étaient restés sur la rive opposée se virent condamnés : beaucoup se noyèrent, d'autres furent massacrés par les Russes. 10 000 soldats peut-être périrent ainsi.
bas