La catastrophe du
tunnel de Tannaves

Verdun, 300 jours en enfer

Le tunnel de Tavannes avait l'avantage d'offrir une protection sûre contre les obus... mais pas contre les accidents. Le 4 septembre 1916, une énorme explosion se produit à la sortie sud-ouest du tunnel.
On estimera le nombre de victimes à plus de 500.
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C'est la course à la mort. Cela éclate partout, devant, derrière. Des camarades tombent. Plus vite ! Nous franchissons des morts et des blessés. La forêt n'a plus un arbre intact; des tronçons, çà et là, restent debout; le sol est un chaos de pierres où gisent grenades, munitions, armes, capotes, corps inanimés, corps pantelants. Encore des blessés parmi nos compagnons. Nous courons comme des fous. Un éclat traverse mon sac. On se rapproche du tunnel de Tavannes. Soudain, un obus éclate « dans nous» nous enlevant dans son souffle ; la grande flamme rouge balaie nos visages; on n'a rien ! c'est un miracle. Etre dans la flamme, et n'avoir rien... On court, on tombe, on se traîne ; voici le tunnel, on entre... Mon Dieu !... Je tombe à terre et sanglote nerveusement.
Témoignage
La course à la mort

Repos au tunnel de Tannaves (témoignage)

Le repos, on le prenait généralement dans le tunnel de Tavannes. C'était au mieux le purgatoire.
Arrivée au tunnel. Rien n'est prêt pour nous recevoir. Après bien des pas et des démarches, les hommes sont couchés sur des rails. Le sol est humide, encombré de détritus. Dans ce tunnel qui a près de 1 500 mètres, on n'a rien aménagé. Pas une prise d'air. On a commencé d'en amorcer une, il y a quelques jours seulement.
Jeudi 25 mai. Ce tunnel ! Quel séjour ! Digne du secteur !
Une haute voûte qu'ont noircie les fumées de train, des couchettes installées sur trois étages en travées de cent à cent cinquante mètres, travées séparées par des espaces vides, et où, pour se reposer, les hommes n'ont que les rails et les traverses.
Au milieu de ces espaces vides, des tinettes, des mares infectes d'urine. L'air est fétide, lourd d'une odeur de sueur et d'excréments à se trouver mal. Une nuit passée là et les hommes sont pâles, les traits tirés, ne pouvant tenir sur leurs jambes.
J'ai 53 malades ce matin, chiffre énorme. J'ai menacé du conseil de guerre ceux qui ne seraient pas reconnus. Les malheureux ! en réalité, c'est toute la compagnie qui est malade...
Ici règne l'affolement. Les hommes n'ont pas reposé, n'ont rien mangé, vivent dans la nuit sans air. Chaque soir, on les accable de corvées.
Consolant, le colonel : « Nous crèverons tous ici », me dit-il aimablement.

La tragédie du tunnel de Tannaves

Le tunnel de Tannaves pendant la bataille de Verdun
Dès le début de la bataille, le tunnel ferroviaire de Tavannes, qui relie Metz à Verdun, est fermé.
L'ouvrage enterré, long de près d'un kilomètre et demi, est aménagé par l'armée française pour accueillir le poste de commandement de plusieurs unités. Le lieu sert aussi d'abri, d'infirmerie d'urgence, de prison et encore de dortoir. Au fil des opérations, des chevaux, des marchandises, du matériel et des munitions sont
stockés aux deux extrémités de ce tunnel en proie à l'insaiubrité et aux odeurs pestilentielles.
Le 4 septembre, vers 21h30, deux formidables explosions retentissent dans la galerie souterraine.
Des fusées transportées à dos de mules prennent feu. L'incendie, alimenté par les cloisons de bois, se propage à des bidons d'essence puis gagne le dépôt de munitions.
La panique est totale: les soldats sont prisonniers de l'épaisse fumée qui envahit tout. Ceux qui ne réussissent pas à s'échapper meurent piétinés ou asphyxiés.
Le brasier est si intense qu'il faudra une semaine aux équipes de secours avant de pénétrer dans le tunnel.
Le 11 septembre, Ils dégageront les cadavres carbonisés de près de 500 soldats. L'origine du drame n'a jamais été élucidée avec certitude.