Nivelle remplace Pétain
et échec de Douaumont

Verdun, 300 jours en enfer

Le général Pétain jugé trop « économe de ses hommes » et peu enclin à des contre-attaques incessantes, est remplacé par le général Nivelle. Pétain nommé au commandement du GAC continue de diriger la bataille, mais de plus loin...
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En arrivant en ligne, la nuit, devant le village de Douaumont, nous ne trouvons que des tranchées à peine ébauchées. Quant à ceux que nous devons relever, nous nous apercevons avec surprise qu'ils continuent à rester couchés, sans paraître se soucier de nous. Nous les regardons de près : ils sont morts !
Nous nous hâtons d'approfondir les tranchées afin d'être mieux préservés quand le jour viendra, et pour aller plus vite, nous plaçons devant nous, en parapet, les cadavres des camarades.
Témoignage
Devant Douaumont

Pétain quitte Verdun

Nivelle remplace Pétain pendant la bataille de Verdun
Depuis longtemps les heures de Pétain sont comptées.
Le 19 avril, Castelnau lui annonce qu'il va avoir à remplacer au commandement des armées du Centre, le général de Langle de Cary. C'est un avancement qui prend des airs de limogeage. L'homme qui doit remplacer Pétain à la tête de la IIe Armée est le général Nivelle. Pétain le supervisera.
C'est avec tristesse que Philippe Pétain passe son commandement le 1er mai à Nivelle et va s'installer à Bar-le-Duc.
«Pétain se laisse trop impressionner par les Allemands», estime Joffre. Pourtant il est certain que Pétain a pris en main la situation, il a su redonner confiance aux hommes, organiser la Voie Sacrée et la Noria de camions. Il a fait ce qu'il fallait pour que le rempart tienne. Maintenant on le trouve timoré. Sous prétexte de le récompenser, on lui retire son commandement direct... Mais malgré tout Pétain reste le vainqueur de Verdun. Il a gagné la bataille, le jour où il a mis de l'ordre.
Robert Nivelle, son successeur, est bel homme. Il a l'âge de Pétain et comme lui a commencé la guerre avec les galons de colonel. C'est pourtant un tout autre type d'officier. Un polytechnicien comme Joffre, un fonceur imbu des théories du colonel de Grandmaisons, «offensive à outrance» et surtout un général qui sait parler aux parlementaires et aux ministres.

Un incident dramatique au fort douaumont

Pendant toute la première partie du mois de mai, les Français préparent la grande offensive sur Douaumont. Dans ce secteur ne se livrent que quelques escarmouches.
Les Allemands tiennent bien le fort. Ils s'y croient inexpugnables... Pourtant un grave incident démoralise la garnison. Des soldats imprudents font la popote dans un entrepôt de munitions. Pour activer le feu, ils se servent d'un peu d'explosifs. Il arrive ce qui devait arriver: tout saute. Une citerne contenant du liquide pour lance-flammes explose. Un fleuve de feu parcourt le fort et atteint une soute à obus. Certains meurent brûlés, d'autres asphyxiés. Les survivants, le visage noirci de fumée, les vêtements en lambeaux fuient en dehors du fort. Leurs camarades les prennent pour des tirailleurs sénégalais dont ils ont une peur horrible. Ils tirent. Six cent cinquante Allemands ont ainsi péri.

L'heure du grand assaut approche

22 mai, 11 h. 30. Mangin regarde Douaumont à travers ses jumelles. Dans quelques minutes, il va donner l'ordre de prendre d'assaut ce fort. Il croit en sa victoire. Personne n'a jamais résisté à Mangin.

Il est le général le plus élégant de l'armée française. Bottes impeccables, dolman merveilleusement coupé. Il possède la plus belle auto. Elle est rouge et les aviateurs allemands la connaissent bien. Il collectionne les blessures et les citations. Une seule chose choque en Mangin, son visage au front bas avec des cheveux noirs en brosse, de gros traits, une forte moustache. Un peu une gueule de brute. Mangin se targue aussi d'avoir les meilleurs soldats.
D'esprit très offensif, il a été choisi par Nivelle pour accomplir une mission quasi impossible avec le peu d'effectifs mis à sa dispostion. Accusé de tenir peu de cas de la vie humaine, Mangin. sera surnommé le Boucher par ses hommes.
Pour l'opération contre le fort de Douaumont. Mangin dispose de la 5e division d'infanterie; une brigade de réserve; 25 batteries lourdes courtes; 28 batteries lourdes longues; 1 batterie d'artillerie de tranchée supplémentaire; 2 pièces de 240 mm; 1 pièce de 14 de marine; 3 escadrilles de corps d'armée; 3 compagnies d'aérostiers; 1 groupement de chasse de cinq escadrilles.
Ce total est insuffisant. Pétain note : Pour ranger ses unités sur leur base de départ, le groupement Lebrun poursuivait l'aménagement de près de douze kilomètres de tranchées et de boyaux, mais le temps manquait pour qu'on pût les approfondir suffisamment et il fallait recommencer chaque nuit ce travail de Pénélope. car les bombardements allemands le démolissaient régulièrement pendant le jour.
Mangin pendant la bataille de Verdun

Mangin échoue à reprendre le fort Douaumont

Mangin échoue à reprendre le fort Douaumont à Verdun en 1916
L'assaut de la 5e division commence le 22 mai à 11 h 50. après une préparation d'artillerie qui a écrasé tes premières lignes allemandes à gauche et au centre. Un bataillon du 74' RI atteint la face sud du fort. mais ne peut y pénétrer. Les hommes s'abritent alors dans une construction contiguë. le dépôt, où leur situation devient vite intenable, car les mitrailleurs allemands parviennent à balayer l'intérieur. Ils se rendent dans l'après-midi.
Le lieutenant Monneret, isolé sur le fort avec ses hommes, décrit les combats du 24 mai : Exposés à tous les coups, mes hommes tombent les uns sur les autres. Ils meurent silencieusement. Je reçois une balle au bras droit. Les Allemands, trouvant encore que cela ne va pas assez vite, ont installé des Minenwerfer à 400 mètres de là et, à chaque instant, d'énormes torpilles ouvrent des cratères sur toutes les faces (...). Les Allemands, pressentant que nous sommes à bout. s'élancent de tous côtés. Une mêlée atroce se produit (...). Je tente de percer vers les lignes françaises. Nous roulons dans le fossé (...). Des mitrailleurs brandebourgeois se précipitent et nous font prisonniers. Nous pleurons de rage ! Nous avions résisté plus de trente heures.
Bien enfermée dans les galeries. la garnison allemande n'a pas souffert de l'assaut français. Quant aux Français, ils ont partout été rejetés sur leur ligne de départ. L'échec est donc complet. Mangin en tire les conséquences:
Exécutée sur un front trop étroit. avec des réserves trop éloignées, en présence d'un ennemi vigilant pourvu d'une artillerie lourde nombreuse (...) l'attaque, qui avait pourtant débuté favorablement, grâce à une préparation d'artillerie puissante et bien réglée et à la valeur des troupes d'attaque, ne pouvait pas réussir. D'une part, la destruction incomplète du fort a permis à l'ennemi de se maintenir dans les tourelles et les locaux bétonnés: d'autre part le saillant constitué par l'avance même réalisée facilitait la concentration des feux d'artillerie ennemis et le jeu des contre-attaques sur des flancs mal assurés. Enfin les troupes de renfort venaient d'un secteur calme et étaient mal préparées à la tâche ardue qui allait leur incomber en pleine bataille.
Promu commandant du groupe d'années Centre, pendant près de deux mois, Pétain s'est attaché à réorganiser le dispositif
de défense français, en privilégiant, notamment, une rotation plus rapide des troupes au front. Tout le monde doit y passer mais y rester moins longtemps. Sur les quelque 300 bataillons d'infànterie de l'armée française en 1916, 259 sont allés se battre à Verdun.
Une organisation qui a permis aux Français de résister à la puissance de l'assaut allemand.
A savoir
Le système de rotation