La solitude du soldat allemand

Verdun, 300 jours en enfer

L'isolement du soldat allemand à Verdun fut total.
A l'inverse des soldats français, les contingents allemands n'étaient pas remplacés. Les unités devinrent squelettiques, le moral en prit un coup et le sentiment de trahison de l'arrière s'échafauda.
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Une volonté inébranlable de paix

soldat allemand à Verdun en 1916
Ceux de Verdun, ceux qui avaient vécu la bataille totale et survécu quand même à cet enfer s'accordaient à penser et à dire en public qu'à l'issue d'une telle expérience tout aussi surhumaine qu'ineffable ne pouvait subsister qu'une volonté inébranlable de paix.
Le pacifisme (voire même le défaitisme) de l'entre-deux-guerres doit beaucoup à cet état d'esprit. Et c'est une des raisons pour laquelle Hitler jouit si longtemps d'un large crédit dans les milieux des anciens combattants des deux côtés de la frontière. Il répétait, à volonté, que lui-même simple Feldgrau de la Grande Guerre resterait un partisan inébranlable de la paix...

A verdun sans renfort moral

Soldats allemands dans les tranchées pendant la bataille de Verdun
Malgré ces rapprochements voire ces identités au niveau du vécu de la bataille et de ses conséquences politiques, la tradition allemande de « raconter Verdun » est fort différente de celle des témoins français dans la mesure où l'absurdité foncière de la bataille, l'isolement des soldats par rapport à leur pays marque pour beaucoup le récit allemand. Car à l'encontre des troupes françaises, les contingents allemands se voyaient peu remplacés et les unités en devinrent de plus en plus « squelettiques », voire anéanties. Le renfort moral faisait presque entièrement défaut aussi, la bataille de Verdun ne jouant pas un rôle primordial dans la propagande de guerre allemande. C'est pourquoi pendant et après la guerre, le récit fait par les soldats ne fut pas porté par une vraie communication, voire communion, avec l'arrière.
Et toute l'énorme littérature soldatesque issue de « Verdun », publiée pour l'essentiel à partir de la fin des années 1920, est imprégnée de ce sentiment d'isolement et d'absurdité, situation insoutenable où seul l'esprit de camaraderie reste intact. Comme le dit le livre référence de ce genre de souvenirs, Dans le gouffre de la mort de Franz Schauwecker (1919) : « le soldat de Verdun est indifférent, taciturne et plein d'une solitude sans limites ».
Les liens de communication entre lui et son pays sont irrémédiablement rompus, il se sent foncièrement abandonné et par ses supérieurs militaires et par le monde civil. Ce qui lui reste c'est le dialogue avec ceux qui ont vécu la même expérience. C'est là que naquit l'idéologie des « casques d'acier », nom emblématique de la plus grande fédération d'anciens combattants nationalistes sous la République de Weimar. Casques de fer résolument militaristes et convaincus de la trahison des civils, du « coup de poignard dans le dos » des soldats. Un régime dont ne sauverait l'Allemagne éternelle que le règne du soldat dans un Reich à refaire.