Si vous aimez ce site ne bloquez pas l'affichage des publicités... Merci !

Dans des wagons blindés L'attente et la peur.

Le massacre de Katyn

En avril 1943, des soldats allemands ont découvert un charnier où étaient enterrés les corps de 4 500 officiers polonais, autrefois prisonniers des Russes. Pour la propagande de l'Axe, cela constituait évidemment une chance à ne pas laisser passer, une occasion de dresser les Alliés les uns contre les autres.

Dans les agendas retrouvés

depart des prisonniers polonais pour Katyn
A peine sortis du camp, on entasse les groupes dans de grands camions et on les conduit jusqu'à la station de chemin de fer de Kozielsk. Là, on les fait monter dans des wagons blindés que l'on cadenasse derrière eux. On lit, à la date du 8 avril, dans l'un des agendas retrouvés : « Nous sommes montés dans un train blindé sous bonne escorte... Nous roulons dans la direction de Smolensk... » Stanislaw Swianiewicz, le seul épargné, confirme : « Nous avons quitté Kozielsk tard dans la soirée... Au lever du soleil, nous arrivons à Smolensk. » Un autre, à la date du 9 avril : « Impossible de nous rendre compte de la direction que nous prenons... Mauvais traitements... Rien n'est autorisé. »
Après un arrêt à Smolensk le train se remet en marche. Cela ne dure guère : le temps de franchir moins de vingt kilomètres. L'agenda d'un prisonnier anonyme indique néanmoins que les étapes ont été de plus ou moins longue durée : « 14 h 30, arrivons à Smolensk... Le soir, sommes arrivés à la gare de Gniezdovo. »
Ces agendas montrent que de telles notations ont été rédigées sur le moment même : « Dimanche 7 avril 1940. Matin. A 11 h 40, on nous ordonne de faire nos valises. A 14 h 55, fouille des affaires et nous quittons le camp de Kozielsk. A 16 h 55, on nous fait monter dans le train. Lundi 8 avril, 3 h 30, le train quitte la gare de Kozielsk. A 11 h 40, nous sommes à la gare de Smolensk. Mardi 9 avril. A 5 heures du matin, on nous fait descendre du train.» L'agenda du commandant Adam Solski : « Mardi 9 avril. La journée a commencé de façon singulière. Départ dans une voiture cellulaire composée de petits compartiments (horribles). Ils nous déposent dans une forêt, une sorte de maison de repos. Ici, fouille spéciale. Ils me prennent tout. Ma montre, mes roubles, mon anneau, mon canif, mon ceinturon... » C'est sur ces mots que l'agenda se ferme.
La dernière phrase du sous-lieutenant Jan Bartys : « Venons d'arriver à Gniezdovo, je vois des hommes du NKVD échelonnés entre la gare et les bois. » Dans les wagons, l'attente. Le qui-vive, la peur. L'un des prisonniers griffonne sur son agenda : « Il paraît que nous allons descendre... Quantité d'uniformes autour de nous. Nous n'avons eu depuis hier qu'un morceau de pain et un peu d'eau. » Le journal s'arrête là. Il sera retrouvé trois ans plus tard, ainsi que les autres agendas, sur l'un des cadavres enfouis dans la forêt de Katyn.
bas