Allez vous faire foutre !
Marilyn Monroe travaille
Marilyn Monroe

Très peu de gens, parmi ceux qui travaillaient avec Marilyn, savaient l'épreuve que constituait pour elle le passage de Norma Jeane à Marilyn Monroe puis à Sugar Kane. C'était une métamorphose profonde, qui ne pouvait pas s'opérer sur commande et en un clin d'oeil. L'image de Marilyn Monroe était le produit d'une préparation méticuleuse — maquillage, coiffure, vêtements, mais il lui fallait aussi se préparer psychologiquement et parvenir à une concentration de fer pour affronter son metteur en scène.

Marilyn était souvent en retard au studio. Parfois très en retard. Si elle tournait à 9 heures du matin, il fallait qu'elle se lève à 5 heures pour être sur place à 6 h 30 et passer deux heures et demie entre les mains des maquilleurs, des coiffeurs et des habilleuses. Mais le sommeil la fuyait, et elle ne voulait pas prendre de somnifères pendant sa grossesse. Il lui arrivait de ne pas fermer l'oeil avant 2 ou 3 heures du matin, et elle savait que si elle se levait à 5 heures elle ne pourrait rien faire de bon devant la caméra. Alors elle restait au lit, clouée par la fatigue, et arrivait tard au studio. Très tard. I.A.L. Diamond, coauteur du scénario avec Billy Wilder, pensait que ces retards étaient, pour la star, une manière d'exercer le pouvoir qu'elle avait conquis en plaquant la Fox : « Maintenant qu'elle était au sommet, elle se vengeait de tout ce qu'elle avait dû endurer pour y parvenir. Certains matins, à 9 heures passées, Marilyn n'est pas encore au studio. 10 heures. On voit arriver Arthur Miller. Mais toujours pas de Marilyn. Elle est au maquillage. Puis à la coiffure. 10 h 45. La voici ! Elle s'engouffre dans sa loge. Tout le monde a passé la matinée à attendre. Pas un salut. Pas un mot d'excuse. Elle tient un livre à la main : Les Droits de l'homme, de Thomas Paine, qu'Arthur lui a offert pour qu'elle le lise pendant qu'elle nous faisait attendre. Billy [Wilder] laisse passer encore un peu de temps, puis envoie l'assistant frapper à sa porte. Elle crie : "Allez vous faire foutre !" »

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