a
La technique de Marilyn Monroe
tournage de certains l'aiment chaud
Marilyn Monroe dans certains l'aiment chaud

Mais le seul contrat auquel Marilyn attachait quelque importance était celui qu'elle avait passé avec Sugar Kane. Son instinct lui disait que la conception plus linéaire que Billy Wilder avait de son personnage était mauvaise, pas seulement pour elle mais aussi pour le film. Elle se battait donc pour défendre son personnage avec les seules armes dont elle disposait — l'entêtement et la dérobade. Puisque Wilder semblait décidé à crier « Coupez ! » chaque fois qu'elle tentait de donner de la consistance à son personnage, elle l'aurait à l'usure. S'il l'empêchait de se concentrer, il faudrait qu'il en paie le prix. Chaque fois que Wilder essayait de grossir le trait, elle ratait sa scène. Les ratages successifs et les trous de mémoire se succédaient jusqu'à ce que Wilder renonce. À la vingt-neuvième prise, il commençait à se dire que Marilyn n'était pas si mauvaise.

La technique de Mariyn était radicalement différente de celle de Curtis et Lemmon. Ils pouvaient attendre en plaisantant sur le plateau puis, d'une seconde à l'autre, se présenter devant la caméra et en une ou deux prises donner à Billy Wilder exactement ce qu'il souhaitait. Marilyn, elle, avait besoin de concentration. Elle était consciente de ses limites mais décidée à les dépasser. Elle comptait sur Paula Strasberg pour l'aider à construire son personnage. À Hedda Hopper, qui l'interrogeait sur la présence de Paula à ses côtés, elle répondit : « Paula me donne confiance et cela m'aide énormément. Je ne suis pas quelqu'un qui apprend vite, mais je mets beaucoup de sérieux dans mon travail et je n'ai pas assez d'expérience en tant que comédienne pour bavarder avec des amis ou des techniciens sur le plateau avant de jouer une scène. Dès que j'ai terminé, j'aime aller directement dans ma loge pour me concentrer sur la scène suivante sans me laisser distraire. Je n'ai que mon interprétation en tête et je m'efforce d'être aussi bonne que possible. »
Wilder ayant compris que Marilyn adoucissait le personnage de Sugar Kane, il la poussait sans cesse à forcer le ton. Hurlant « Coupez ! » chaque fois qu'elle ne jouait pas comme il l'entendait, il insistait pour qu'elle gesticule, exagère ses réactions, fasse un sort à chacune de ses répliques. Il lui demandait de faire des choses qui, pour elle, ne correspondaient pas au personnage, et du même coup brisait sa concentration.
« Je n'avais jamais vu une direction d'acteur aussi brillante que celle de Billy avec Marilyn, dira Jack Lemmon. Mais rien ne marchait tant qu'elle ne se sentait pas à l'aise avec ce qu'on lui demandait. Elle se contentait de répéter à n'en plus finir : "Désolée, il faut que je le refasse." Et si Billy lui disait : "Écoute ce que je te dis, Marilyn. Si tu pouvais seulement...", elle répondait : "Une seconde, Billy, ne me parle pas, sinon j'oublie la façon dont je veux le jouer." J'en ai souvent été exaspéré. Il n'y avait personne pour lui rappeler qu'elle avait signé un contrat et qu'elle était censée l'honorer. »
reportage
accueil
Accueil