Un effroyable spectacle de désolation
religion au Tibet

Les destructions continuèrent sur le même mode dans tout le Tibet, avec partout le même spectacle de désolation, d'amoncellement de statues détruites, de bouddhas décapités, de figurines brisées en mille morceaux, de fresques murales rageusement recouvertes de graffitis. Dans l'ensemble du pays, seul le Potala, la résidence du dalaï-lama, et treize autres lieux de culte furent fermés aux Gardes rouges, protégés par des cordons de l'armée sur l'ordre semble-t-il du Premier ministre Zhou Enlai. A Lhassa, l'entreprise maoïste de destruction des « quatre vieilleries» — abolition du servage, de la religion, de la tradition des pieds bandés, changement systématique des noms géographiques — toucha tous les lieux publics. Les plaques des rues furent arrachées pour être remplacées par de nouvelles aux noms révolutionnaires. Tandis que les images du Bouddha étaient promptement retirées, des dizaines de milliers de photographies de Mao étaient diligemment distribuées. De grands monastères et lamaseries, comme le Ganden où vivaient plusieurs milliers de lamas et trapas, les jeunes moines, à une quarantaine de kilomètres de Lhassa, il ne resta bientôt plutôt que des tas de ruines.
Des témoignages affirment que lorsque le travail n'allait pas assez vite avec les canons ou la dynamite, on faisait appel à l'aviation chinoise pour raser les infrastructures des grands monastères. Afin qu'il ne restât plus rien, la destruction du Gan-den fut terminée à la pioche. Si bien que la Révolution culturelle fit bientôt ressembler les cités tibétaines à ces villes occidentales rasées pendant la Seconde Guerre mondiale : des cités fantômes. Des siècles d'architecture tibétaine ont ainsi disparu. Le 'Tibet était devenu un effroyable spectacle de désolation et de terreur.

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