A l'heure du désespoir, tandis que l'Assemblée se déclarait dissoute, une victoire allait sauver le pays de l'invasion et la Révolution de l'écrasement.
Aucune force, au lendemain de la reddition de Verdun, n'était en mesure d'arrêter la marche des Prussiens de Brunswick. A la nouvelle du 10 août, La Fayette avait soulevé ses troupes et fui chez l'ennemi. L'armée manquait de vivres, de charrois, et un peu d'audace de l'envahisseur qui la serrait de près l'eût anéantie. De jour en jour, d'heure en heure, les événements se composaient en désastre.
L'armée de Valmy... Des recrues improvisées
Le plus urgent est de transformer en armée organisée les bandes avinées qui envahissent le camp et que Laclos s'efforce d'installer sous la toile : le cantonnement, prévu pour 12000 hommes, en abritera par moments 40000.
Comment armer ces recrues improvisées? On manque de fusils et, sans doute, beaucoup n'auraient su s'en servir, mais il existe pour les révolutionnaires une arme sacrée : la pique. Les nouveaux dirigeants se méfient des armes sophistiquées, de la stratégie, de l'art militaire, réputés conceptions d'aristocrates. Ils mettent leur foi dans l'enthousiasme et le dynamisme du peuple, dont la motivation et un armement sommaire semblent suffire à assurer la victoire d'un idéal. Et Laclos, bien que sceptique, de réquisitionner maréchaux-ferrants et serruriers pour forger des fers de piques, menuisiers et charrons pour tailler des manches. Si l'on pouvait apprendre à ces soldats novices à partir à l'assaut, la pique en bataille, peut-être parviendraient-ils à embrocher quelque ennemi ?
Une armée de bric et de broc
Les troupes françaises comptent environ 30 000 hommes, dont un tiers de volontaires sans formation, habillés et armés à va va-vite. Beaucoup d'officiers ont été promus récemment en raison de la désertion massive des aristocrates.