La médecine en 1900 ...
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femme medecin 1900

En 1897... Article contre les femmes Médecin:
Encombrement et dépréciation
de la profession médicale
Macon, 1897

Il y a déjà 15 000 praticiens qui luttent désespérément pour ne pas laisser leur famille dans la misère.. .Alors ne laissons pas les femmes faire des études de médecine.. .
DE TOUTES les interventions odieuses, qui nuisent au médecin, je n'en connais pas de plus répandue que celle des dames de France, des ambulancières, des infirmières congédiées, des masseuses et autres péronnelles (nouvelle plaie d'Egypte), qui se croient la science infuse parce qu'elles ont assisté d'une façon plus ou moins distraite à quelques conférences, où on leur a indiqué les notions élémentaires pour faire un pansement.
Ah! il ne faudrait pas mettre en doute leur habileté. On évaluerait difficilement qui a le plus de prétentions des anciennes femmes de chambre, qui, un beau jour, se révèlent masseuses diplômées, gardes-malades aptes à tous les emplois, d'une assurance à faire trembler, ou des bonnes dames qui, munies d'une pharmacie portative, distribuent à tout venant des drogues qu'elles ne connaissent pas et se posent ainsi en bienfaitrices de leur circonscription.
Et que dire des doctoresses, car il y en a de plus en plus et même de fort méritantes; mais jusqu'ici, même en apportant au chevet des enfants malades une infinie tendresse, une infinie douceur, elles ne sont pas arrivées, à se créer une notoriété spéciale, à s'imposer à leurs contemporaines, malgré le bruyant mouvement féministe qui pousse la femme à sortir de sa sphère, qui tend à lui faire abandonner la route droite, où elle a cheminé jusqu'à ce jour, entourée de notre respect et de nos soins.
Que deviendront la famille, la société, la patrie, si ces dames ne veulent plus faire d'enfants, si la mode et la vanité les poussent à se bourrer de sciences, qu'elles ont souvent bien de la peine à digérer, si elles renoncent à la tâche primordiale pour laquelle elles ont été créées, sous prétexte de s'affranchir de certaines dépendances auxquelles elles sont condamnées, afin de s'exhausser jusqu'à l'homme et de devenir ses égales!
Véritablement, les jeunes filles devraient se laisser séduire par un autre idéal que celui de faire des études répugnantes. Elles ne sont jamais plus séduisantes que dans leur rôle de compagne douce et câline, volontairement effacée, inspiratrice quand même, étant le coeur qui sent à côté du cerveau qui pense : cela vaut toutes les palmes et toutes les couronnes.
Elles veulent s'occuper de nos vilaines affaires humaines, prendre leur part de nos prétendues prérogatives, qui sont des corvées, comme si leurs blanche épaules avaient laforce de supporter cette lourde croix, quenous traînons nous-mêmes avec tant de peine.
Elles auraient un rôle plus sublime à jouer, en créant simplement et en élevant des hommes, en s'efforçant de leur donner un corps solide et un esprit sain, en nous soutenant dans nos luttes, aux heures de faiblesse, etc.,

radio 1900

Les martyrs des rayons X ... Article de 1914.
Les débuts de la radiographie sont catastrophiques pour les malades, car on ignore tout des doses, pour les opérateurs qui négligent de se protéger. Les victimesseront nombreuses.

C’est en 1900 que Henri Simon débute dans la radiographie à l'hôpital can tonal de Genève. C'est l'époque des premières découvertes et des grands enthousiasmes. C'est hélas! aussi, celle où l'on ignore les graves dangers que peut présenter, pour qui s'expose sans cesse à ses radiations, l'ampoule aux lueurs de mystère. Après deux ans de pratique, constante, où nulle précaution protectrice n'a été prise, le jeune savant voit la peau de ses mains se dessécher, perdre de son élasticité. Mais nulle souffrance n'accompagne ces modifications premières. D'aussi petits inconvénients ne sauraient l'arrêter dans son travail. Il continue.
Un an encore et les accidents s'aggravent. L'atteinte décidément, devient sérieuse. L'élasticité de la peau se perd de plus en plus, au point que les bras sont brusquement fléchis, elle éclate ainsi que le ferait « un vernis trop sec ». Cela crée des excoriations fort sensibles, et la région entière est le siège d'insupportables démangeaisons. Petit à petit, de véritables ulcérations apparaissent, qui envahissent tous les doigts et les souffrances s'exagèrent. Déjà il n'est plus possible de douter que le péril ne soit fort grand. D'autres ont souffert de pareilles atteintes, qui y ont laissé plusieurs doigts, sinon plus. Notre radiographe écarte de lui ces pressentiments funestes. Ce qu'il faut, c'est travailler et chercher encore, c'est faire profiter ses semblables de ce que l'on peut découvrir. On fera des pansements sur les plaies les plus ouvertes, et lorsque les doigts auront subi pendant la nuit le contact adoucissant des onguents, ils retrouveront au matin leur indispensable souplesse.
Cela va encore quelque temps, grâce aux pansements, grâce à quelques mesures de protection qui commencent à être connues, grâce surtout à une ténacité et à un courage indomptables. Mais, en 1909, il faut à tout prix s'arrêter. L'état général est très affaibli, les plaies ont pris une allure franchement mauvaise, elles se sont considérablement étendues. Quelques semaines de repos sont tout ce que notre confrère accepte, après quoi il reprend le travail interrompu et bientôt ce n'est plus d'ulcérations seulement qu'il s'agit, c'est bel et bien du cancer qui ronge les pauvres mains douloureuses. En 1911, la mutilation prévue commence. On ampute le médius gauche, en même temps qu'on enlève des ganglions infectés de l'aisselle. Le bistouri intervient une seconde fois en mai 1912, car la radiographie, par une sorte d'ironie sinistre, a montré dans l'intérieur de la main les os détruits par elle et un foyer dangereux en for­mation. Rapidement cette nouvelle intervention est jugée insuffisante et, en novembre de la même année, on ampute toute la main gauche, avec une partie de l'avant-bras.
Est-ce là de quoi arrêter cet héroïsme? Ce qui suit est presque incroyable. Conscient plus que jamais de l'abîme vers lequel il court, Henri Simon continue son travail. Avec le moignon d'amputation du bras gauche, avec une main droite atrophiée, desséchée, cousue de cicatrices, il manie l'ampoule meurtrière comme avant et persiste à interroger les terribles rayons!
En décembre 1913, le martyr prend fin. Le cancer n'a pas lâché sa proie. Il récidive dans l'aisselle gauche, envahit la poitrine, s'étend au-delà des ressources de l'art, et sans s'être plaint une fois au cours de ces dix années de torture, sans avoir consenti à sacrifier son oeuvre à l'hostilité de la nature, le héros meurt debout, et l'on peut dire sur son champ de bataille, puisque, quelques jours avant sa mort, il était encore à son laboratoire, où il instruisait celui qui devait lui succéder.

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