Le messager de la mort ...
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les messagers de la mort entre 1914 et 1918
Quelle déception lorsque le facteur allait d’un pas rapide et sans déposer un message ! Quand se prolongeait le silence, les cœurs étaient torturés d’angoisse. Etait-il blessé ? prisonnier ? On espérait contre toute espérance. Et lorsque la nouvelle officielle de la mort arrivait, la mère était frappée au cœur. Combien de papas, combien de mamans ont été atteints mortellement par la balle qui tua leur fils ?
les poilus à l'arriere
Notre pauvre ami le Meussien fut parmi les morts, et je tremblais à l’avance en pensant que peut-être nous passerions de nouveau par le village où habitait sa mère. Ce fut, hélas ! ce qui arriva. A la relève nous montâmes dans les camions et partîmes dans la direction de Bar-le-Duc. Je me trouvais en queue du convoi, dans la dernière voiture, assis au bord, D… près de moi. Avant d’arriver au hameau où habitaient les parents de notre pauvre ami le Meussien, je me penchai pour donner un coup d’œil en avant. Je vis sa mère, seule sur le bord de la route, inondée de soleil. Elle agitait le bras vers chaque voiture qui passait devant elle.
- Tournons nos figures vers l’avant, dis-je à D… Sa mère est sur la route, en face de sa porte !... Quand nous nous crûmes assez éloignés pour qu’elle ne pût nous reconnaître, nous regardâmes dans sa direction.
- Vois, dis-je à D… Elle tient un litre de vin dans sa main… pauvre femme !
Elle restait là, plantée, immobile sur le bord de la route, nous regardant nous éloigner, puis tournant la tête en direction de Verdun. Elle semblait ne pouvoir se résoudre à croire que le régiment où était son fils était déjà passé en entier devant elle sans que son fils se fût montré. Elle fit demi-tour enfin et rentra chez elle, tête basse, en portant toute sa peine sur son dos appesanti.
Lettre d’un poilu du 125 R.I.

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