Tout les sépare et les oppose
blanc en afrique du sud
afrique du sud
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Blancs et Noirs : en trois siècles et demi d'histoire commune, ou plutôt parallèle, ils n'ont partagé que l'amour de la même terre. Pour le reste, suivant un schéma jamais démenti jusqu'en 1990, les colons ont bâti leur société sur la domination des «indigènes», sur le refus absolu d'accorder à ces derniers droit de citoyen. L'Afrique du Sud offre un exemple rare mais achevé de colonisation n'ayant pas débouché sur un brassage des peuples, encore moins sur un melting-pot à l'américaine. Constat d'autant plus frappant que s'y côtoient toutes les races : Noirs, Blancs, Asiatiques, métis. Un «laboratoire de l'humanité», dit-on parfois...
Mais un laboratoire d'où, jusqu'à il y a peu de temps, c'est surtout le pire qui est sorti. «Pour être cynique, il faut reconnaître qu'en tant que modèle social, l'apartheid a pleinement réussi. Un succès ô combien diabolique», confie Paul Pereira, de l'Institut sud-africain des relationà raciales, organisme créé dès 1929 pour dénoncer l'aberration du «développement séparé». Le résultat de cette politique est proprement effarant : aux yeux de nombreux Sud-Africains, leur pays n'est encore qu'un patchwork de minorités qui s'ignorent ou se méfient les unes des autres... quand elles ne se haïssent pas carrément.

Ellis Park, le «super stadium» de Johannesburg : les rugbymen sud-africains, les Springboks, s'apprêtent à affronter l'équipe d'Angleterre. Il n'est plus question de boycott : quelques jours auparavant, Nelson Mandela est devenu le premier président noir d'Afrique du Sud. «Pour la première fois, déclare leur capitaine, les Springboks vont jouer pour toute une nation, représentée par un président élu par tous.» Pourtant, comme aux mauvais jours de l'apartheid, seuls les Blancs occupent les tribunes. A Ellis Park, les Noirs se comptent sur les doigts de la main : quelques officiels du nouveau gouvernement et un joueur de... la sélection britannique.
Mais la politique, cette fois, n'y est pas pour grand-chose : le rugby est un sport de Blancs. Les Africains, eux, préfèrent le foot. Un exemple parmi des centaines d'autres de tout ce qui sépare, parfois même oppose, ces communautés. Celui-ci est inoffensif. Moins innocent est le choix de la date des fêtes nationales respectives des Afrikaners et des Zoulous. Le 16 décembre pour les premiers, le 16 juin pour les seconds. Exactement, les deux solstices opposés. En zoulou et en afrikaans, les plus parlées des langues d'Afrique du Sud, le même mot signifie «père» pour les uns, «enfant» pour les autres !

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