Les conditions de travail sont très dures
conditions de travail des bonnes en 1850

Les conditions de travail sont très dures. Dans les grandes maisons, la répartition précise des tâches permet une moindre pesanteur du service. Mais pour la bonne à tout faire... Que l'on imagine ce que représente l'entretien d'une maison sans chauffage central en corvée de bois et de charbon, surtout aux étages les plus hauts d'immeubles sans ascenseur ; en corvée d'eau pour le nettoyage de l'appartement, la toilette, la cuisine, la lessive... quand l'eau courante n'existe pas.
En l'absence de produits d'entretien performants, quel travail que de laver et frotter les parquets, astiquer les cuivres. Il faut faire la poussière, non plus superficiellement comme autrefois, mais dans les moindres recoins d'appartements croulant sous les tissus, encombrés de petits meubles et de bibelots en tous genres. Et puis, il y a la cuisine, l'enfer. Etriquée, sans autre aération que par une petit fenêtre sur cour, surchauffée par le fourneau et la lessiveuse, saturée d'humidité par les vapeurs et le linge qui sèche, et de la plus grande saleté. La cuisinière, la bonne à tout faire qui y passent leur vie, dans une atmosphère viciée, y attrapent le fameux « rhumatisme des cuisinières », la tuberculose, s'y intoxiquent par l'oxyde de carbone, deviennent alcooliques.

Les salaires sont très bas, surtout en province. Comme par le passé, ils sont réglés par l'usage, et liés à la capacité, au crédit du domestique et à son sexe. Remarquons qu'il s'agit bien maintenant d'un salaire, rétribuant une location d'ouvrage, et non plus de gages. A ce salaire proprement dit s'ajoutent le pourboire (de plus en plus interdit), les étrennes (1 mois à 1 mois 1/2 de salaire en 1900), les gratifications et cadeaux, plus les avantages reconnus : le don de vêtements, la vente des graisses et des cendres, le « sou du franc ».
La nourriture fait partie des avantages en nature, mais, sauf dans les grandes maisons, elle est plus que médiocre et souvent insuffisante : soupe au déjeuner, pain, bouillon et desserte de la table des maîtres. C'est sur ce poste que l'on fait de sordides économies, afin de pouvoir s'offrir une servante nécessaire au prestige social. Ainsi voit-on des bonnes mourir de faim...

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