La marche... Un moment clef du mouvement
martin luther king
marche sur washington

Ce jour-là, Rosa Parks monte également à la tribune. Tout a commencé avec elle, en 1955 : son refus de laisser son siège à un Blanc dans un bus de Montgomery a été le détonateur qui a contribué à la création du mouvement moderne des droits civiques.
« La marche a constitué un moment clé de ce mouvement », affirme John Lewis. Dès le mois d'août suivant, le Congrès adopte le Voting Rights Act, qui garantit à tout Américain de plus de 21 ans le droit de s'inscrire sur les listes électorales et de voter. Dans le seul État de l'Alabama, le nombre de Noirs inscrits passe de 92 700 en 1965 à 250 000 en 1967.
Sheyann Webb Christburg, qui, à l'âge de sept ans, participa sans ses parents aux trois marches de Selma, s'en souvient avec émotion : « Comme cadeau d'anniversaire, j'ai demandé à mon père et à ma mère de s'inscrire sur les listes. Je pensais que s'ils votaient, ils deviendraient des citoyens libres — et c'est ce que je voulais qu'ils soient. »
Ce tournant historique a fini par obtenir une reconnaissance officielle. En 1996, le Service des parcs nationaux commémora l'événement en classant les 87 km qui séparent Selma de Montgomery douzième route historique des États-Unis ; c'était aussi la première dédiée à la communauté noire. Les militantes du SCLC avaient érigé précédemment leur propre monument à mi-chemin de la route, en l'honneur d'une femme blanche de Detroit, Viola Liuzzo, que des membres du Ku Klux Klan avaient assassinée alors qu'elle reconduisait des participants chez eux.

La semaine suivante, lors d'une allocution télévisée, Lyndon Johnson, président des États-Unis, appelle au vote d'une loi levant les restrictions qui privent les Noirs de leurs droits civiques. « Leur cause doit devenir la nôtre. Parce que ce ne sont pas juste les Noirs, mais nous tous qui devons nous affranchir de l'héritage écrasant de l'intolérance et de l'injustice », déclare-t-il, n'hésitant pas à conclure lui, un Blanc du Sud par la devise du mouvement protestataire : « Et nous triompherons ! »
Tout est prêt pour le troisième et dernier acte. Cinq jours durant, du 21 au 25 mars, un flot irrégulier de manifestants va se déverser le long de la route qui va de Selma à Montgomery. Martin Luther King ouvre un cortège de plus de 3 000 personnes parties de Brown Chapel, l'église méthodiste de Selma. Aux côtés du leader noir, Ralph Bunche, prix Nobel de la paix, ainsi que le rabbin et théologien Abraham Heschel, et d'autres personnalités. À l'arrivée, une foule de plus de 25 000 personnes, rassemblées au pied du Capitole, à Washington, accueille les paroles du pasteur King. Une chaîne de télé nationale les relaie en direct.

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