La mystification d'Arcole
napoleon à arcole
Arcole et Napoléon
Ce petit mensonge, qui ne prête peut-être pas à de si graves conséquences, fit suivi de beaucoup d'autres : Bonaparte visitant comme un Christ les pestiférés de Jaffa ; les jacobins injustement accusés après l'attentat de la rue SaintNicaise ; l'assassinat du duc d'Enghien ; le Sacre dont le ridicule n'a d'égal que les invraisemblances de la représentation, les omissions et les mystifications ; l'affaire de Bayonne ; la meurtrière bataille d'Eylau ; etc. H s'agit de forger sa légende, de bâtir à tout jamais le mythe, mais aussi, plus simplement, de renforcer et d'asseoir politiquement le régime.

A Arcole, Bonaparte fit construire un pont sur l'Alpone afin de faire passer les divisions d'Augereau et surprendre à revers les troupes autrichiennes. Dans le Journal de l'Armée d'Italie qu'il commandita et où les estampes, gravures et autres poèmes aidèrent à embellir le début de son épopée, parmi les récits qu'il nous livre, sa version du Pont d'Arcole « franchi victorieusement » est le pire des faux. En réalité, Bonaparte y fut pris de panique lorsque le tir des Autrichiens ravagea les rangs français. Il se reprit, mais tomba dans le fleuve presque à la moitié, et sans ses fidèles grenadiers arrivés pour le sauver, il n'y aurait pas eu de retour glorieux à Paris. Masséna arrivant de Ronco franchit enfin le pont d'Arcole. Après trois jours de combats acharnés, Alvinzi dut battre en retraite.

Arcole est l'objet de toutes les mystifications emblématiques, exaltation de la vertu du chef militaire, incarnation suprême du jeune Bonaparte vainqueur de l'Europe et défenseur de la Nation. Arcole dont on fait un épisode glorieux, le jeune général traversant le pont, avec, en main, le drapeau tricolore, celui du 2' bataillon de la 51' demi-brigade de ligne (qui portait encore le numéro de la 99' demi-brigade dont la 51' était issue). Or, le pont d'Arcole n'a pas été franchi par le futur empereur. Qu'importe ! Les artistes, Gros en tête, embellirent l'épisode et firent entrer le militaire Corse dans la légende, le représentant courageux, fougueux, charismatique, en tête du combat.
En réalité Gros, par l'intermédiaire de Joséphine, obtint des séances de pose du général. Il put alors représenter la force en l'alliant à une beauté, qui n'était pas si proche de la vérité.

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