La nuit de Cristal
nuit de cristal
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Dans toute l'Allemagne, on marchait sur du verre brisé. Les synagogues brûlaient et, dans les quartiers juifs, le sang commençait à couler. Toutes les instructions interdisant le pillage et la violence étaient depuis longtemps lettre morte. SS et SA s'initiaient aux joies du vol, du viol et de la torture.
Dans les prisons locales, les cellules s'étaient remplies, vidées, puis remplies, encore et toujours. Des camions bourrés de riches Juifs roulaient sans arrêt sur la route des camps.

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, le pogrom se déclenchait.
Goebbels, Himmler et Heydrich avaient comploté ces manifestations comme une démonstration de la haine des Allemands pour « l'ennemi juif qui rôde parmi nous ». Depuis quelque temps, chacun d'eux jugeait qu'après la période d'inquiétudes qu'il venait de traverser (ne serait-ce que l'angoisse qui l'avait saisi à la veille de Munich) le peuple allemand avait besoin d'une détente de ce genre. Existait-il meilleure soupape de sûreté qu'un déchaînement contre les Juifs ? Ceux-ci redevenaient arrogants; il leur fallait une leçon. Trouverait-on célébration plus digne de j'anniversaire du Bierhalle Putsch que quelques incendies de synagogues, un peu de bagarre avec des rabbins et des Juifs orthodoxes et l'arrestation de Sémites bien nantis ? Mais, le 10 novembre au matin, Ernst von Rath mourut des suites de ses blessures et Goebbels ne put s'empêcher de donner à la radio et à la presse l'ordre d'échauffer les esprits dans toute la mesure du possible.
Pendant les vingt-quatre heures qui suivirent, le peuple allemand, méthodique et discipliné, montra ce dont il était capable lorsqu'on lui fournissait les éléments voulus de provocation et d'encouragement. A la dernière minute, Heydrich donna à ses hommes l'ordre de se mettre en civil. Ce sont eux qui, dans la plupart des cités et des villes, excitèrent la foule et l'incitèrent à frapper, à piller, à brûler.
A Berlin, les SS submergèrent Unter den Linden et le Kurfürstendamm, où se trouvaient les plus beaux magasins, brisant les glaces, s'emparant des fourrures, des joyaux, de l'argenterie. A Berlin-Dahlem, faubourg élégant, ils se livrèrent à des incursions dans les hôtels particuliers où vivaient encore les Juifs les plus fortunés. Ils en arrachaient les hommes bien portants, déshabillaient et malmenaient les vieillards et, dans quelques cas, traînèrent les filles dans les chambres à coucher. Lorsqu'ils abandonnaient les lieux, les meubles avaient été mis en pièces; les vases précieux, jetés au sol; les tableaux, lacérés. Dans une quinzaine de maisons, les femmes furent molestées.

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