La ségrégation.... une pratique courante
segregation dans un bus

Appelés à témoigner devant un tribunal, ils ne prêtent pas serment sur la même Bible. Ils ne voyagent pas dans les mêmes wagons, ne boivent pas aux mêmes robinets, n'utilisent pas les mêmes toilettes. Dans les autobus urbains, les Noirs sont tenus de céder leur place aux Blancs et d'aller au fond de la voiture. Partout, ils sont exclus des syndicats, reçoivent pour un travail identique un salaire inférieur à celui des Blancs, sont embauchés après tous les autres et licenciés en priorité.
Pas question, bien évidemment, de légaliser les mariages interraciaux, d'autant moins que les Noirs, soumis à leurs instincts, sont tous, si l'on en croit les tenants de la ségrégation, des violeurs potentiels, des brutes sexuelles, à la recherche de Blanches.

La ségrégation spatiale devient une pratique courante. Si courante qu'en 1896, la Cour suprême fédérale ne voit aucun inconvénient à rendre un arrêt qu'on résume en trois mots : «Séparé mais égal. » Les juges estiment conforme à la Constitution la séparation entre les races dans les wagons de chemins de fer, donc dans tous les lieux publics. Du moment, précisent-ils, que l'égalité de traitement est respectée.
Ainsi vivront les Américains dans les États du Sud, pendant trois quarts de siècle. Tous les États ne suivent pas l'exemple, loin de là. Mais la contamination frappe les esprits. Là où la ségrégation est légale, Noirs et Blancs ne fréquentent pas les mêmes hôpitaux, les mêmes églises, les mêmes écoles, les mêmes restaurants. Ils ne sont pas enterrés dans les mêmes cimetières.

reportage
accueil
Accueil