Juin-Juillet 1944 à Rennes
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Le mois de juillet qui voit le rapprochement inexorable des troupes anglo-américaines en Normandie, débute à Rennes dans le sang. En effet, pour assurer un maintien de l'ordre de plus en plus sévère, les 50 miliciens alors stationnés à Rennes sont rejoints par 250 francs-gardes sous les ordres du déjà fameux De Costanzo.
Ceux-ci intervinrent brutalement à la suite de l'assassinat à Paris, de Philippe Henriot, secrétaire d'Etat à la Propagande. Dans toute la France, 150 personnalités furent désignées par Vichy et ordre fut donné aux miliciens de les faire disparaître dans la nuit du 30 juin au Zef juillet à titre de représailles.
Pour Rennes, 5 désignations furent faites et 4 attentats exécutés ; contre le fils de M. Volclair, tué sur son lit à la clinique de la Sagesse ; M. Hervé, secrétaire général de la Mairie, abattu dans la rue alors qu'il tentait de fuir ; M. Lemoine, greffier près la Cour d'Appel, tué à l'entrée de son appartement ; Jean Leroux, adjoint au maire, blessé à l'épaule par un de ses agresseurs et qui ne dut son salut qu'à l'arrivée inopinée de policiers français.
La population rennaise fût indignée et consternée par ces attentats commis contre des personnes honorables de la ville.
Pour les habitants, les difficultés augmentent de jour en jour ; aux alertes continuelles, s'ajoutent le manque d'eau, les coupures d'électricité, les communications interrompues et même la pénurie de blé qui oblige les autorités à lancer un appel à la solidarité des agriculteurs.

Alors que les opérations de déblaiement se poursuivent, trois jours plus tard, le 12 juin, les B.17 américains reviennent pilonner la voie ferrée et les routes d'accès à la ville, de très nombreux convois allemands transitant par Rennes pour rejoindre la Normandie.
Ces jours de bombardements totaliseront près de 180 morts, les blessés engorgeant les hôpitaux qui, eux non plus, ne sont pas à l'abri des bombes. Le Centre de Pontchaillou a été particulièrement touché à plusieurs reprises.
Pendant tout le mois de juin, les alertes succèdent aux alertes, la Plaine de Baud subit toujours aussi régulièrement les bombes américaines le jour, et anglaises la nuit. Les troupes d'occupation quittent peu à peu la ville, les alliés affermissant leur progression en Normandie.
Le dimanche 18 juin, quatre ans jour pour jour après l'entrée des Allemands à Rennes, la ville subit un nouveau bombardement. Très destructeur, s'étalant en larges vagues espacées sur toute l'après-midi, il n'y aura heureusement que peu de victimes à déplorer ; l'alerte ayant été donnée avec suffisamment d'avance pour permettre aux Rennais de descendre aux abris.

Le 9 juin, entamant la destruction systématique des points stratégiques de Rennes, l'aviation alliée approche en vague serrée. Trois fois durant la nuit les « Lancaster » et les « Wellington » anglais largueront leurs bombes à la lueur des incendies allumés par la première vague.
Le quartier de la gare et la rue Saint-Hélier ont été de nouveau touchés. L'église Saint-Germain n'a pas été épargnée et les petites maisons de bois qui garnissaient la place sont incendiées. Les quais, eux-mêmes, ont subi les déflagrations des bombes de 1 000 livres. Il faudra plusieurs jours aux sauveteurs et à la Défense passive pour retirer plus de 100 cadavres des ruines fumantes.

Les succès alliés, tant à l'est qu'à l'ouest, rendent les bombardements de plus en plus intensifs en fréquence et en puissance. Malgré une artillerie antiaérienne et une chasse très efficaces, les raids succèdent aux raids, ce qui ne manque pas d'inquiéter le Haut Commandant allemand.
Dans la nuit du 5 au 6 juin, prévenus par un message spécial de la B.B.C., des groupes de résistants appartenant au F.T.P. et dirigés par L. Pétri, font sauter les voies ferrées autour de Rennes.
La nouvelle du Débarquement traverse Rennes comme une traînée de poudre. Dans les files d'attente, on la commente avec vigueur mais prudence et les « bobards » vont bon train.
Le 7 juin, dès 7 heures du matin, vingt Rennais sont arrêtés à leur domicile et internés comme otages à la prison Jacques-Cartier. Le 12, ils seront transférés au camp Marguerite, baraque 14, où ils rejoignent 8 otages d'Ille-et-Vilaine, 17 du Finistère, 27 du Morbihan, 4 des Côtes-du-Nord. Au total 76. Le 14 juin, à la suite d'une intervention de Monseigneur Roques auprès du Major Kruger, 7 otages sont libérés. Les autres seront libérés le Zef août grâce au Professeur Morice.

Même les petites villes et les bourgs de la région ne sont plus à l'abri des raids aériens alliés : Janzé, Bain, Châteaugiron comptent de très nombreuses victimes. Rennes est constamment parcouru par des convois de matériels et d'hommes harassés qui fuient le gigantesque piège qu'est devenue la Normandie.
Afin d'enrayer cette fuite, les chasseurs bombardiers attaquent régulièrement les colonnes qui s'étirent le long des routes.
Le 17 juillet, en plein midi, les cinq coups longs de la sirène précipitent les Rennais dans les caves. Pendant près d'une demi-heure, les vagues se succèdent au-dessus de la ville. L'hôpital psychiatrique de Saint-Méen est sévèrement frappé, plus de 100 corps jonchent la cité, principalement les quartiers Nord-Est de la ville. Les deux cimetières ont leurs tombes de nouveau bouleversées.

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