Les Juifs à Vienne... Opération nettoyage
hitler à vienne
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Complicité acquise….
L'opération « Nettoyage » durera plusieurs semaines. Le temps de déconsidérer et de ridiculiser suffisamment ceux que tout le monde appelle désormais: la vermine juive.
Les kommandos S.S. appliquent méticuleusement les consignes données par leurs maîtres. « Il faut toujours prendre l'ennemi par surprise », recommande l'une de ces consignes. Les Juifs se voient donc arrêtés au hasard, dans les rues et dans les boutiques, de la façon la plus arbitraire, en attendant d'être expédiés par les « régisseurs » à l'accomplissement de leur avilissante besogne.
Pendant toutes ces semaines, arrestations, séquestrations, confiscations se succèdent. Emprisonnés sans motif, les Juifs sont relâchés le jour suivant, puis arrêtés de nouveau le lendemain. Les femmes n'échappent pas aux sévices. Pour être agréable à Hitler, Heydrich fait emprisonner et déporter la femme du médecin juif chez qui avait servi Paula, la soeur du Führer...
D'ailleurs les médecins et avocats sont particulièrement visés. Les psychanalystes de l'Ecole freudienne de Vienne sont expulsés sans préavis du territoire autrichien. La Gestapo oblige la presse viennoise à publier des articles vilipendant Freud, fondateur de la psychanalyse.
Peu à peu une atmosphère d'incertitude, de perpétuel qui-vive s'installe dans Vienne , et dans les autres villes d'Autriche. La population autrichienne évite de plus en plus le contact avec les Juifs. Le nombre des dénonciations s'accroît ; des commerçants refusent de servir les Juifs.Dans l'administration les postes de responsabilité sont confiés à des « Aryens ».Heydrich a gagné. Désormais, les Autrichiens sont devenus ses complices.

Le 23 mars 1938, moins de dix jours après l'entrée triomphale d'Hitler dans Vienne, les préparatifs de l'opération « Nettoyage » sont achevés. Les « régisseurs » nazis, Allemands et Autrichiens, ont fait du bon travail : Heydrich peut s'en féliciter. Sous l'influence d'une vaste campagne de propagande habilement orchestrée contre la juiverie viennoise, la population autrichienne, habituellement pacifique, se déchaîne contre le cancer qu'elle porte en elle...
Deux jours plus tard, le 25 mars, les premières mesures d'isolement sont appliquées. Pour les Autrichiens pronazis, c'est le jour du grand débarras. Des Juifs de Vienne sont rassemblés sur différentes places publiques de la capitale et, sous les quolibets de la foule, reçoivent l'ordre de gratter partout, dans la rue et sur les affiches d'avant l'Anschluss, le nom de l'ex-chancelier Schuschnigg, détenu par la Gestapo au grand hôtel Métropole.
« Tandis qu'ils travaillaient à genoux par terre, surveillés de très près par des S.S. ricanant, la foule s'assemblait pour se moquer d'eux », écrit William Shirer qui était à Vienne à cette époque.
L'opération « Nettoyage » s'étend bientôt aux latrines publiques, aux toilettes des casernes où sont cantonnées les brigades S.S. et S.A., aux caniveaux et aux égouts.
-Le Juif est un emm...dé ! s'écrie le gros maréchal Goering dans un éclat de rire. Nettoyer les latrines devrait être son seul métier !
Certains Autrichiens,rares, il est vrai, ne partagent pas ces sentiments. Ils sont choqués par l'ignoble persécution dont nos compatriotes juifs sont victimes, note un témoin viennois de ces scènes. Les gangsters nazis s'attaquent aujourd'hui aux Juifs mais qui sait si, demain, ils ne vont pas s'attaquer à nous et nous faire subir les mêmes humiliations... En s'associant à ces comportements, les Autrichiens risquent de perdre leur honneur et leur dignité.

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