Complicité acquise….
Le 23 mars 1938, moins de dix jours après l'entrée triomphale d'Hitler dans Vienne, les préparatifs de l'opération « Nettoyage » sont achevés. Les « régisseurs » nazis, Allemands et Autrichiens, ont fait du bon travail : Heydrich peut s'en féliciter. Sous l'influence d'une vaste campagne de propagande habilement orchestrée contre la juiverie viennoise, la population autrichienne, habituellement pacifique, se déchaîne contre le cancer qu'elle porte en elle...
Deux jours plus tard, le 25 mars, les premières mesures d'isolement sont appliquées. Pour les Autrichiens pronazis, c'est le jour du grand débarras. Des Juifs de Vienne sont rassemblés sur différentes places publiques de la capitale et, sous les quolibets de la foule, reçoivent l'ordre de gratter partout, dans la rue et sur les affiches d'avant l'Anschluss, le nom de l'ex-chancelier Schuschnigg, détenu par la Gestapo au grand hôtel Métropole.
« Tandis qu'ils travaillaient à genoux par terre, surveillés de très près par des S.S. ricanant, la foule s'assemblait pour se moquer d'eux », écrit William Shirer qui était à Vienne à cette époque.
L'opération « Nettoyage » s'étend bientôt aux latrines publiques, aux toilettes des casernes où sont cantonnées les brigades S.S. et S.A., aux caniveaux et aux égouts.
-Le Juif est un emm...dé ! s'écrie le gros maréchal Goering dans un éclat de rire. Nettoyer les latrines devrait être son seul métier !
Certains Autrichiens,rares, il est vrai, ne partagent pas ces sentiments. Ils sont choqués par l'ignoble persécution dont nos compatriotes juifs sont victimes, note un témoin viennois de ces scènes. Les gangsters nazis s'attaquent aujourd'hui aux Juifs mais qui sait si, demain, ils ne vont pas s'attaquer à nous et nous faire subir les mêmes humiliations... En s'associant à ces comportements, les Autrichiens risquent de perdre leur honneur et leur dignité.