Les tortures de la Gestapo ...
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les tortures de la gestapo
Le malheureux qui était demandé pour interrogatoire était amené en voiture cellulaire de la prison, le plus souvent Fresnes, et placé dans un cachot provisoire en attendant son tour. Il y avait, rue des Saussaies, des cellules dans divers endroits des bâtiments. Les plus spacieuses se trouvaient au sous-sol, cependant que divers petits cabinets de débarras situés dans les étages étaient sommairement aménagés en chambres de sûreté. Cinq ou six détenus étaient parfois entassés pendant. des heures dans un réduit minuscule et sans air. On leur laissait le plus souvent les menottes aux poignets pendant tout ce temps, et parfois même on les enchaînait à un anneau scellé au mur.
L'heure venait enfin de comparaître devant les enquêteurs . Les premières réponses de l'interrogé déclenchaient généralement une grêle de coups. Si le malheureux, toujours enchaîné, tombait à terre, on le frappait à coups de pied pour l'aider à se soulever et avec une telle violence que les fractures des côtes ou des membres n'étaient pas rares.
L'interrogatoire se poursuivait ainsi, avec des alternances de menaces proférées à l'égard de la famille (menaces souvent suivies d'effet), de promesses ou de propositions avantageuses destinées à amener un peu de compréhension. L'inculpé demeurait debout pendant plusieurs heures, harcelé et frappé par des équipes qui se relayaient pour le questionner.
Les « raffinements » étaient ensuite mis en oeuvre pour venir à bout des obstinés. Dans ce domaine, le sadisme et l'imagination des bourreaux amenèrent une infinité de variantes, de découvertes, dont les inventeurs tiraient fierté, comme au Moyen Age les « questionnaires » qui se transmettaient de père en fils les tours de main familiaux. L'alibi patriotique fourni par le nazisme et les circonstances faisait surgir du subconscient de ces hommes apparemment corrects, jusqu'alors normaux, d'effrayants instincts.
la gestapo en France
La villa des Rosiers à Montpellier, l'impasse Tivoli à Limoges, la plupart des prisons de France, les locaux de la rue Lauriston, ceux de la rue des Saussaies à Paris, tous les immeubles occupés en France par la Gestapo ont retenti des cris des patriotes torturés et ont vu couler leur sang. Rue des Saussaies, les cuisiniers installés au deuxième étage, dans les bureaux 240 et 242 transformés en cuisine, étaient souvent dérangés par les hurlements des victimes qu'on interrogeait au cinquième.
Ces traitements étaient appliqués à des malheureux affaiblis par la détention. Il y eut quarante mille morts dans les seules prisons françaises, chiffre auquel il faut ajouter les condamnés des tribunaux français, cours spéciales, cours martiales, et les internés des camps français.
Entassés dans les cellules des prisons surpeuplées, où la densité atteignit par­fois quinze détenus par cellule de sept à huit mètres carrés, recevant des rations alimentaires insignifiantes, vivant dans une saleté à peine imaginable, couverts de poux, ne recevant ni courrier, ni colis, ni visites, coupés du monde extérieur, il fallait un moral à toute épreuve et une volonté surhumaine pour ne pas céder au cours des interrogatoires et taire les noms des amis encore libres. Certains, brisés moralement et physiquement, s'effondrèrent. Qui oserait les juger?
Des centaines d'autres, comme Jean Moulin, moururent sous les coups ou des suites des sévices endurés. D'autres, comme Pierre Brossolette, se suicidèrent pour échapper aux tortures en se réfugiant dans le grand silence de la mort
la torture de la gestapo en France
Les personnes arrêtées individuellement étaient interrogées et le plus souvent torturées par la Gestapo. En général le premier interrogatoire n'avait lieu, sauf nécessité d'enquête, qu'une dizaine de jours après l'arrestation. Les procédés employés pour faire parler les personnes interrogées étaient partout les mêmes. On les obligeait à s'agenouiller sur une règle triangulaire pendant qu'un tortionnaire montait sur leurs épaules; on les suspendait par les bras ramenés en arrière, jusqu'à l'évanouissement ; on les frappait à coups de pied, de poing, de nerf de boeuf; on les ranimait en les aspergeant d'un seau d'eau quand elles s'évanouissaient. On limait les dents, on arrachait les ongles, on brûlait avec une cigarette et parfois même avec une lampe à souder. On pratiquait aussi le supplice de l'électricité : un fil était attaché aux chevilles pendant qu'un second fil était promené sur les points les plus sensibles du corps. On entaillait la plante des pieds au rasoir et on obligeait ensuite le blessé à marcher sur du sel. Des morceaux de coton imbibés d'essence étaient placés entre les doigts des pieds et enflammés.
Le supplice de la baignoire consistait à plonger le patient dans une baignoire d'eau glacée, menottes aux mains ramenées dans le dos, et à lui maintenir la tête sous l'eau jusqu'à suffocation presque complète. On le ramenait à la surface en le tirant par les cheveux; s'il refusait encore de parler on le replongeait immé­diatement dans l'eau.
Le Français Masuy, spécialiste de ce procédé, avait coutume de couper les séances, quand le patient était au bord de l'évanouissement complet, en faisant apporter du café ou du thé chaud, et parfois même du cognac. Quand sa victime était réconfortée, on recommençait avec la même cruauté.
Oppression er pillages
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