Les femmes dans le maquis FLN
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La répression qui s'abattit sur nos réseaux à partir de 1957 allait avoir des conséquences inattendues. En effet, les femmes et les jeunes filles fichées comme rebelles et recherchées par les services de police, la sécurité militaire et les S.A.S. ne purent se soustraire à une prévisible arrestation qu'en cherchant refuge au maquis.
L'arrivée de femmes dans les maquis nous prenait au dépourvu. Nous n'avions pas envisagé de les incorporer. Leur présence posait des problèmes extrêmement complexes qui méritaient réflexion. Pendant des jours ce fut un de nos grands sujets de discussion. Mais chacun admettait l'impossibilité de renvoyer des militantes en danger qui venaient de donner les preuves de leur courage et de leur résolution...
Les coutumes héritées des occupations arabe et turque étaient bien enracinées. Malgré cent trente années de présence française la situation de la femme dans la société algérienne n'avait que peu changé. D'ailleurs, l'administration ne cherchait nullement à modifier un statut traditionnel qui, au fond, lui était favorable. La claustration des femmes et le port du voile marquaient en réalité leur exclusion de la vie politique, économique et sociale. Seuls les hommes avaient un pouvoir de décision et il était inconcevable que les femmes pussent faire preuve d'initiative et participer activement aux affaires publiques.
Toutefois, à Alger et dans les grandes villes, les jeunes filles secouaient le joug d'une tradition anachronique. Elles fréquentaient les lycées et les facultés, discutaient librement avec les étudiants, participaient aux activités sportives, et dans la vie quotidienne, semblaient aussi émancipées que les jeunes filles européennes. Mais bien souvent ce n'était là qu'apparences... La société ne leur reconnaissait pas pour autant les libertés qu'elles s'octroyaient !
femmes dans le maquis FLN
Pour les hommes des maquis, la question des femmes devait être abordée sous un autre angle. Jusque-là, la meilleure garantie de notre succès avait été la discipline qui avait pu s'instaurer et qu'acceptaient tous les moudjahidin. Nous étions condamnés à la chasteté et ce sacrifice était consenti non sans difficulté. Pour les coupables de viol ou d'adultère dans les douars qui nous accordaient l'hospitalité, la sanction était la mort. Je dois dire qu'ils ont été rarissimes. Or des présences féminines constantes n'allaient-elles pas tout remettre en cause, anéantir nos efforts ? Ne pouvait-on redouter des explosions de jalousie, des rivalités et même des tragédies au sein des groupes de combattants ?
A supposer que ce problème délicat fût écarté, nos soldats sauraient-ils les considérer comme des égales ? Nombre des nôtres tenaient encore à la tradition qui ne reconnaît pas l'égalité des sexes. Enfin comment ces nouvelles recrues allaient-elles s'adapter à notre genre de vie qui deviendrait le leur, aux marches de jour et de nuit, aux privations, aux combats ? Beaucoup d'entre elles venaient de la ville. Parviendraient-elles à renoncer à leurs habitudes de citadines ? Et même auraient-elles la résistance physique nécessaire ? Toutes ces questions posées demeuraient évidemment sans réponse. Mais il fallait se rendre à l'évidence. Elles étaient là et nous avions reçu l'ordre de les incorporer...
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Le FLN au maquis